Carnet de route

Avril 2024 Tournemire en train

Le 18/04/2024 par JOUCLA Roger

Certaines randonnées sont compatibles avec les horaires des trains de la ligne Béziers Millau avec des avantages évidents et quelques surprises. Commençons par elles.
Ce 11 avril Rosie Tomas nous avait conviés en gare de Magalas à 9h30. La veille allant à la gare de Béziers, elle apprit que son train était supprimé. Elle alerta tout le monde qu’elle put et nous étions, quand même 23 à 6h 51, montant dans le train
précédent, non supprimé.


Voici quelques années Alain Calas a attendu à Tournemire une convoi qui ne vint pas. Après diverses péripéties la sncf envoya 2 cars pour ramener son groupe à Béziers.
Le 21 septembre 2023 j’avais programmé une sortie à Tournemire. Les 16 et 17 septembre de violents orages emportèrent ballast et rails ; ma randonnée fut reportée d’abord fin mai puis au 18 avril grâce à une permutation avec Noëlle.
Certains trains, en effet, sont systématiquement supprimés en mai et juin 2024. Tout le long des gares on peut voir des rails empilés déjà réunis par leurs traverses, attendre leur mise en place prochaine et des wagons prêts à transporter du ballast.
L’avenir de la ligne, un temps compromis, semble assuré.
Le train est bien plus reposant que la voiture. Pendant le trajet certains bavardent, d’autres préfèrent regarder par la fenêtre un paysage toujours renouvelé, réduit dans les nombreux tunnels, ample quand la sortie débouche sur un viaduc dominant une vaste vallée.

Pour durée et distance comparable avec l’A 75, Wase affiche 6kg de carburant, (8,5L d’essence, 7L de GO), une émission de 18kg de CO2 par voiture ; prix 17 ou 14€,1€ pour le train énorme avantage à ce dernier, au moins à première vue. Quelques remarques. Malgré les prix sensiblement les mêmes à la pompe le GO est encore plus avantageux que l’essence pourtant il est plus polluant, plus cher à distiller, plus cancérigène. Encore un des paradoxes de notre civilisation industrielle. La voie ferrée empruntée longe l’Orb et ses affluents, traverse les bassins versants du Tarn, du Lot aux riches ressources hydroélectriques. Des énormes rampes de 33 %, essoufflaient chauffeur, mécanicien et machine à vapeur. La ligne Béziers Neussargues fut la première électrifiée, en France, dès 1932, et son amortissement financier amorti depuis longtemps. Ici l’énergie ne coûte rien et ne pollue presque pas. Raison peut-être de son prix, 1€ par voyageur, versé au contrôleur. C’est 7 à 8€ sur internet, 25€ si on lit le titre de transport !


Il importe quand même de parler randonnée. Quittant la gare on longe la ligne désaffectée venant du Vigan jusqu’à sa disparition dans le tunnel de Boutinenques. On a envisagé récemment d’y entreposer des déchets radioactifs comme à Bure.
Les sols étant trop fissurés, on y aurait renoncé.
Là commence une rude montée, surtout quand les souliers roulent sur les cailloux des éboulements. Ensuite c’est le Causse du Larzac, plutôt plat, avec un peu de chance 2 dolmens sont visibles, puis on quitte le GR 71 pour aller S E vers Viala Pas de Jaux, site historique de la guerre de 100 ans. Entre notre désastre militaire d’Azincourt et l’épisode bref et décisif de Jeanne d’Arc, les soldats, mercenaires des Anglais et des Français, n’étaient plus payés après le Traité de Troyes. Ils se nourrissaient sur le terrain, volant, pillant, violant. L’insécurité physique et alimentaire étant la règle, troupeaux et paysans allaient à St Eulalie de Cernon au risque d être attaqués. Ils obtinrent du Commandeur des Hospitaliers le droit d’ériger ici, la tour grenier, où céréales et biens étaient en sécurité.
A 818 m l’altitude maximum de la sortie est marquée par une grande lavogne, (presque à sec mi mai 2024). Direction N Ouest on rejoint la grand calvaire où commence le cirque de Tournemire et ses vues plongeantes sur le Ruisseau du Brias et au-delà vers Roquefort adossé au Combalou.
Le 11 mai j’avais reconnu mon futur itinéraire ; le 18 mai je le proposais au g1. Tous les trains étaient au rendez-vous ; je m’en assurais régulièrement le mercredi. Mais d’un examen (rassurant) à l’autre le nombre des participants se réduisait. C’est la météo qui posait problème. Il y a une bonne demi douzaine de portails d’information. Les prévisions oscillaient entre nuages et soleil sans pluie, et quelques mms d’eau. A 19h restaient 2 inscrites dont une que je ne pouvais joindre.

J’étais à Magalas, seul, à 9 h 37 ; nous étions 3 à Tournemire. Les prévisions, (une fois de plus trop pessimistes), nous ont
fait commencer par le plus beau, les falaises du Brias vues du Ruisseau, puis adapté l’itinéraire en fonction de l’état du ciel. Finalement tout ce qui était prévu fut réalisé. Pas une goutte d’eau mais 3 giboulées de grésil plus jolies que désagréables… avec une jeune bergère, assise, souriante, poudrée de perles blanches, qui se gelait pour faire peur au loup…
D’autres éléments peuvent enrichir, ou alourdir, la sortie.


Venant des falaises à l’entrée du village, à droite, une imposante construction du XIX° siècle. Le couvent des sœurs Notre Dame où Emma Calvé, enfant, y chanta des cantiques. Devenue adulte, elle charma les publics par l’amplitude de son registre, plusieurs octaves, et le timbre de ses harmoniques. Elle se produisit en Europe, et même en Amérique, Inde, Australie, Japon. Après la millième de Carmen elle abandonna l’opéra pour le concert.

 

 

 

Curieuse de sciences occultes, elle aurait rencontré à Paris l’abbé Saunière, venu montrer les vieux textes trouvés dans son église et aurait séjourné à Rennes le Château... On grava sa voix dans la cire des premiers disques en 1907. En 1917, à New York, parée d’une robe tricolore, elle chanta la Marseillaise puis promena un casque de soldat à travers le public ; 15 000 francs or y furent déposés. Décédée à 82 ans en 1942, elle repose au cimetière de Millau dans son Aveyron natal. Une de ses villas, à Montpellier, s’appelait Harmonie.

 

 

Une petite construction, à 50m de la gare, abrite la reproduction d’un plésiosaure, dinosaure aquatique, vieux de 180 millions d’années et des explications qui s’imposent. L’histoire géologique de notre région est marquée par la formation de 2 plissements montagneux la chaîne hercyniennes datant d’environ 300 millions dans les montagnes pyrénéennes et alpines depuis 65 millions.
Entre ces 2 évènements plus de 200 millions d’années s’écoulent avec des effondrements. Les cimes d’abord rabotées par l’érosion sont enfouies sous les eaux, l’argile comprimée devient schiste ou granite, les forêts noyées sont transformées en
charbon, les restes minéraux des coquillages, crustacés ou poissons s’accumulent au fond des poches, les restes organiques flottent au dessus.

Quand la chaîne alpine se soulève, elle fait remonter vers la surface l’énorme sédimentation et surgir les barres calcaires de nos Causses, les veines de charbon des environs de Bédarieux, les filons métalliques de cuivre à Cabrières, d’argent à Villemagne, de plomb ou de zinc dans la haute vallée de l’Orb, le suintement de pétrole à Gabian.

CLUB ALPIN FRANCAIS BEZIERS CAROUX
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BOITE 128
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