Carnet de route

Face nord du Vignemale

Le 07/09/2019 par daniel giribaldi

Voilà une bien belle aventure. Nous sommes partis pour la voie classique de la face nord du Vignemale à la journée. Il nous aura fallu 24h de plus que prévu. Malgré la reconnaissance de l'approche la veille, malgré l'étude des topos en détail, nous avons perdu beaucoup de temps principalement à cause d'erreurs d'itinéraires. Dès le départ en ne nous lançant pas dans le bon filon d'ophite. Ensuite en bifurquant vers la gauche trop tôt et loupant de ce fait l'arrête intermédiaire. Le niveau de grimpe était un petit peu plus dur que prévu et passer en corde tendu parfois délicat.

Arrive alors la nuit et nous prenons tout juste pied sur l'arrête de Gaube. Il reste 200m d'escalade. A la lueur des frontales ça nous semble hasardeux, surtout que nous ne connaissons pas l'itinéraire. On décide donc de bivouaquer sur la paroi. Nous avons tout de même de la chance, il y a juste là une aire de bivouac déjà préparer. Un replat entourer de cailloux où on va pouvoir s'allonger sans être encordé. Le grand luxe !

On sort donc toutes nos affaires et on a tous les trois étés très prévoyants et heureusement vu la tournure des évènements. On a de quoi manger. On a de quoi boire. On a de quoi se mettre au chaud (doudoune-goretex-gants-bonnets et couverture de survie pour tout le monde). L'espace est étroit pour se coucher, on ne passe pas à 3 sur le dos. On s'installe du mieux possible et on essaie de dormir comme on peut. Ce n’est pas un palace 5 étoiles mais on n’est quand même pas trop mal loti pour un bivouac improvisé en pleine paroi. Le coucher de soleil est splendide, les lumières de Tarbes et de Lourdes éclairent la nuit et le vent nous fait claquer des dents. On arrive tout de même à cumuler un peu de repos.

Le soleil se lève au petit matin. A nouveau de magnifiques couleurs dans le ciel mais c'est difficile de se lever. On est encore fourbu et on attend les premiers rayons de soleil pour nous réchauffer. Après un petit déjeuner frugal, Laurent redémarre l'escalade et nous sortirons au sommet après 2h30 d'efforts. Ces 2h30, nous les avons largement perdus la veille dans nos hésitations et erreurs d'itinéraires. Il ne reste plus qu'à redescendre au refuge récupérer nos affaires et à la voiture pour revenir à Béziers. Ça aussi ça va être long. Nous arriverons finalement à Béziers qu'à 1h du matin fatigué mais avec des souvenirs plein la tête. Et surtout des enseignements de cette sortie.

Tout d'abord, la préparation de la course peut être aussi approfondi que possible à la maison, une fois sur terrain, des erreurs ou des hésitations sont toujours possible. Ensuite, il faut toujours prévoir le pire scénario pour avoir l'équipement nécessaire pour y répondre. Enfin, ne pas s'affoler lorsque la course ne se déroule pas comme prévu mais analyser la situation pour prendre les décisions qui permettent de limiter l'impact de ces imprévus.

Dans notre cas, nos erreurs d'itinéraire et hésitations nous ont fait perdre beaucoup de temps et nous avons été pris par la nuit. Nos sacs à dos contenaient tout l'équipement nécessaire à cette éventualité même si nous ne l'avions pas réellement envisagé et jamais abordé entre nous. Ce qui m'a le plus surpris est que nous ayons chacun une couverture de survie en plus de nos vêtements chauds. Ce petit détail a fait une grosse différence sur le bivouac. Ensuite, nous ne nous sommes jamais sentis en danger où en état de stress. Nous avons accueilli la décision de bivouaquer avec fatalité mais en restant sûr de notre capacité à passer cette nuit dehors dans de bonnes conditions. 

Pour conclure, il y a peu de chance que les adeptes de l'ultra light me convertissent à leur philosophie. Je préfère, et cela a été salutaire sur cette sortie, avoir un peu plus de poids dans le sac mais avoir l'équipement nécessaire pour répondre à l'imprévu.

Merci Laurent. Merci Marc pour cette belle aventure !

Daniel







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